Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
alia souda
Derniers commentaires
10 novembre 2010

science de l'education

Sciences de l'éducation et pédagogie
Philippe Meirieu
« Certes, les sciences de l'éducation apportent, chacune en
son champ, des moissons de faits vérifiables. Mais la
pédagogie n'est pas, tant s'en faut, la science de l'éducation.
Elle est une pratique de la décision concernant cette dernière.
L'incertitude est donc son lot. Incertitude conjoncturelle,
augmentée par la mobilité parfois vertigineuse des repères
contemporains, mais incertitude essentielle dès lors qu'une
connaissance et une action sont à conjoindre dans une
théorie de la pratique. »
Daniel Hameline et Jacques Piveteau
Préface à l'ouvrage de Neil Postman,
Enseigner, c'est résister (Le Centurion, Paris, 1981, p. 6)
Le rapport des sciences de l'éducation et de la pédagogie n'est pas
simple et la réflexion sur ce rapport est, plus que jamais, d'actualité. Seule
cette réflexion bien conduite peut nous permettre, en effet, d'espérer
dépasser les polémiques stériles qui se sont développées, depuis quelques
années autour de cette question et qui, tout en absorbant une énergie
considérable, contribuent très largement à "brouiller les cartes" dans le
champ éducatif.
Qui était le pédagogue ?
On sait que le "pédagogue" était, dans la Grèce antique, le premier des
esclaves, celui qui avait la confiance des maîtres puisqu'il devait remplir une
mission particulièrement délicate : amener l'enfant à l'École. Mais il ne
s'agissait pas seulement de décider de l'itinéraire pour se rendre en classe
(d'ailleurs les "classes" n'existaient pas encore… telles que nous les
connaissons, elles n'ont, tout au plus, que deux siècles !). Sa responsabilité
était d'une toute autre importance, puisque le "pédagogue" devait choisir les
disciplines que l'on devait enseigner à l'enfant (l'escrime ou les
mathématiques, la natation ou la versification ?) ainsi que les précepteurs
chargés de ces enseignement. En réalité, en accord avec ses maîtres, le
"pédagogue" décidait donc du type d'homme qu'il s'agissait de former, de
l'équilibre des savoirs que l'on devait lui enseigner ainsi que des méthodes et
des personnes qui lui convenaient le mieux1.
On voit qu'une telle "fonction pédagogique" n'est pas, aujourd'hui,
devenue désuète, dans la mesure où il s'agit toujours - plus que jamais ? -
de savoir quel homme nous voulons former et comment nous pouvons y
parvenir. Car, s'il est, de toute évidence, un phénomène majeur qui
caractérise la modernité, c'est bien l'effondrement des grandes "théories de
référence" qui permettaient de "fonder" l'éducation et évitaient de trop avoir
à s'interroger sur les questions pédagogiques... En effet, quand il existait,
dans une société, une "vérité révélée", reconnue consensuellement ou
imposée par un pouvoir quelconque - que cette "vérité" soit d'ordre
mythologique, théologique, philosophique ou politique -, on savait "à quoi et
comment éduquer les enfants". Ce n'était guère discuté que par quelques
originaux que Durkheim, au dix neuvième siècle, qualifiait de dangereux
utopistes ! Mais, aujourd'hui "où le ciel est vide", où les grandes explications
historico-philosophiques du monde (comme le marxisme) ne fonctionnent
plus guère, ou l'économie de nos sociétés libérales n'est plus capable
d'assurer l'insertion de tous et la restauration du lien social par l'emploi, la
question de savoir "à quelles valeurs, à quels savoirs et par quelles
méthodes élever nos enfants ? " est devenue, tout à la fois, une question
majeure pour nos institutions publiques et une question "privée" à laquelle se
trouve confronté tout éducateur... à laquelle il doit nécessairement répondre
- au moins implicitement - dès qu'il a "un enfant sur les bras". Et, sauf à
nous précipiter dans de nouveaux "systèmes de pensée" susceptibles de
nous apporter des réponses toutes faites - tentation sans cesse renaissante
et dont la montée actuelle de multiples formes d'intégrismes est un signe
inquiétant - nous sommes « condamnés » à la réflexion pédagogique"... ne
serait-ce que pour avoir quelque idée sur ce que nous voulons pour nos
enfants !

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité